Lao She - Le Pousse-Pousse

Publié le par Xuihtecuhtli

412A75V99HL._SS500_.jpgAllons bien plus à l'Est avec un ouvrage de Lao She (1899 - 1966), chinois d'origine mandchoue. L'un des écrivains chinois les plus connus, il a écrit de nombreux romans et pièces de théâtre tirant ses personnages du petit peuple de Pékin. Le Pousse-Pousse en est l'un des plus célèbres.

 

L'histoire

 

le héros, Siang-Tse, est un jeune tireur de pousse-pousse à Pékin, dans les années 1920. Solide fils de paysan à la carrure athlétique, travailleur honnête et volontaire, il n'a de cesse de travailler dur pour se payer son propre véhicule et ne plus vivre aux crochets des loueurs et autres riches employeurs. Ses efforts finiront par payer, avec l'achat d'un pousse-pousse lui donnant l'indépendance et l'aisance tant rêvée. Seulement, tout s'effondre quand il tente de faire passer un riche passager hors des murs de la ville. Les soldats l'arrêtent et lui confisquent son bien. Réussissant à s'enfuir et à regagner la ville, Siang-Tse tente de se refaire une fortune ; mais toutes ses tentatives semblent vouées à l'échec.

 

Critique

 

Le Pousse-Pousse, c'est le récit de la déchéance d'un homme modeste mais intègre. La leçon à retenir est la suivante : l'honnêteté ne paie pas. L'individu pauvre et scrupuleux se trouve dans une situation où le moindre événement malheureux peut tout faire basculer. Or, dans le Pékin des années 1920 - 1930, époque de guerre civile (période dite des "Seigneurs de la Guerre"), les événements malheureux sont légion.  A chaque tentative pour se refaire une fortune et racheter son propre pousse-pousse, Siang-Tse tombera sur un obstacle plus puissant que lui. La conséquence en sera un retour à la case départ, doublé d'une forte blessure morale qui ne cessera de se creuser au fil de l'histoire.

 

Dans le fond, le récit de la vie de Siang-Tse nous fait beaucoup penser à une version chinoise de l'Assommoir d'Emile Zola. Le héros, de plus en plus en proie à la résignation et au désespoir, croise sur sa route des individus dont le sort n'est guère plus enviable : vieux tireurs de pousse-pousse réduits à la misères, filles de familles pauvres vendues par leurs parents, ou encore prostituées. De l'autre coté, se trouvent des individus méprisables mais à qui la vie sourit : policiers corrompus et concubines vivant aux crochets de leurs hommes. Nous est présentée toute une société rongée par la pourriture, où seuls les riches, les plus débrouillards et les moins scrupuleux peuvent s'en sortir.

 

Conclusion

 

Pour conclure, Le Pousse-Pousse est un roman fort aux images assez dures, court mais prenant par son sujet plus qu'universel. Sous un vernis asiatique, le thème de la pauvreté parlera à tous. En bref, aussi prenant qu'un Zola, mais moins indigeste.

Publié dans romans

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