John Robert King - Coeur de Minuit
Nous voilà parti pour commenter le troisième volume des romans adaptés de Ravenloft, l'univers orienté effroi du jeu de rôles Donjons & Dragons. Comme d'habitude, j'invite les lecteurs ne connaissant pas cet univers à lire l'article sur le livre de Laurell K. Hamilton, Mort d'un Sombre Seigneur. Ceci d'autant plus que Coeur de Minuit (1992), critiqué ici, se déroule dans le même domaine d'épouvante que le roman précédemment cité.
L'auteur
John Robert King, auteur américain, est à l'origine de plus d'une vingtaine de romans. La plupart des aventures qu'il a écrit se déroulent dans les univers liés à Donjons & Dragons, non seulement Ravenloft mais aussi les Royaumes Oubliés ou Planescape (trilogie Blood Wars, jamais parue en france comme les autres romans prenant pour cadre le même monde).
Critique
Coeur de Minuit nous raconte l'histoire de Casimir, jeune orphelin du Kartakass, deuxième nation du demi-plan de l'effroi à être l'honneur d'un roman après la célèbre Barovie. Il s'agit d'un pays où tout se vit en musique, jusqu'aux choix des souverains (meistersingers) des différentes cité-états, qui prennent la forme de concours de chant. Le Kartakass est également un pays infestés de loups ... et bien évidemment de loups-garous. C'est dans ce contexte que le héros, vivant au sein de la ville d'Harmonia, tente de se venger du meistersinger local, assassin de sa mère et probable lycanthrope.
Si l'histoire est intéressante et le contexte plaisant, Coeur de Minuit a la malchance de suivre les deux premiers romans Ravenloft, qui se sont révélés très bons pour des récits adaptés d'univers de jeu de rôles. L'aventure reste plaisante à lire, et la qualité est égale tout au long de l'histoire. Le roman dégage cependant une forte impression de platitude, frôlant parfois l'ennui. Pris séparément de ses deux prédécesseurs, Coeur de Minuit reste correct, et montre que Ravenloft ne se résumé pas qu'à la Barovie. L'auteur semble d'ailleurs avoir mal compris que Ravenloft tire ses inspirations de toutes les cultures européennes (voire plus loin si l'on lit les livres de règle).
En effet, l'utilisation systématique de nom à consonances slaves, si plutôt bien adaptée à la Barovie (malgré une ambiance plus proche de la Roumanie), fait plutôt désordre au Kartakass, domaines aux accents bien plus germaniques voire nordiques. N'oublions pas que le nom de la principale cité, Skald, fait référence aux chanteurs et poètes de la Scandinavie viking. Ce point peut paraître mineur, mais l'utilisation de noms mal adaptés donne une couleur ridicule à certains personnages en raison du décalage provoqué (sans parler de l'aspect cliché - épouvante).
Reste ensuite certaines critiques sur le manque de profondeur des personnages, mais je doute que le but de ce type d'aventure est de fournir des héros fouillés (et pourtant, mais je les invoque peut être un peu trop souvent, les deux personnages principaux du Vampire des Brumes et du Chevalier de la Rose Noire l'étaient). Cependant, je pense qu'il est possible de soupçonner la traduction d'avoir fait sauter des passages pouvant mettre un bémol à ce qui vient d'être dit ...
Conclusion
Un roman qui se lit très vite et qui a le mérite de divertir un minimum, malgré un rythme un peu plat. Au final, nous ne lui en demandons pas plus. Eviter cependant de le lire après les deux premières aventures se déroulant dans Ravenloft, pour ne pas être déçu.